Indemnisation des dégradations locatives : la Cour de cassation rappelle les règles ( Cour de cassation, 3e chambre civile, 22 Mai 2025 – n° 23-21.228)
En matière de restitution de locaux dégradés par un locataire, la Cour de cassation vient de casser un arrêt de la cour d’appel de Bordeaux pour avoir omis un principe fondamental : la preuve du préjudice subi reste indispensable pour obtenir réparation.
A) Le contexte
Dans cette affaire, le local a été restitué en fin de bail dans un état dégradé.
Le bailleur a donc poursuivi le locataire, pour manquement à son obligation d’entretien.
La cour d’appel a condamné le locataire.
B)Le pourvoi : absence de preuve du préjudice
Le locataire s’est pourvu en cassation, reprochant à la cour d’appel :
-D’avoir accordé une indemnisation sans que la bailleresse justifie avoir réalisé les réparations,
-de ne pas avoir démontré l’existence réelle d’un préjudice subi.
La Cour casse l’arrêt, au visa de l’article 1147 ancien du Code civil, en rappelant les principes d’une jurisprudence constante:
✔️ Le coût de remise en état peut être indemnisé,
❗ Mais le bailleur doit démontrer l'existence et l'évaluation du préjudice.
Notamment, le juge doit examiner les circonstances postérieures à la libération des lieux :
Revente du bien
Relocation
Démolition
Ou tout autre élément affectant la valeur
Or en l’espèce, la bailleresse a revendu l’immeuble sans effectuer de travaux, et n’a pas invoqué de perte de valeur liée à l’état du local.
Par conséquent, aucun préjudice concret n’a été établi.
C) Conclusions
🔹 En cas de restitution de locaux dégradés :
L’indemnisation n’est pas automatique
Il faut prouver un préjudice réel, même si les travaux ne sont pas réalisés
Le juge doit tenir compte de la valeur réelle du bien après départ du locataire